Philippe Moga

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

L’art et la manière !

L’apôtre demande aux hommes de croire que derrière la personne de Jésus-Christ se cache le Dieu vivant. C’est que la vraie situation se trouve dans l’abaissement du Dieu vivant et dans l’imitation de Jésus-Christ. Mais les hommes préfèrent admirer, ainsi des auteurs volent au secours de Dieu en habillant le Christ de couleurs et de fictions, de cette façon Dieu ne s’est plus tout à fait abaissé et du même coup son Christ nous devient familier.

Mais une situation qui n’exige pas la foi dans un renoncement n’accuse pas l’intelligence, et autrement on croit en pensant sa foi, on se repent de ses œuvres sans renoncer à l’intelligence qui les a toutes conçues. La raison s’économise, voilà tout ! Devant ce Dieu humilié l’homme tout entier doit se retourner, se renier et s’anéantir ! Dieu le premier nous montra le chemin, son chemin, sa croix, son fils. Mais on préfère concevoir les avantages que procure une religion, comme si Dieu allait s’inviter au théâtre pour applaudir les artistes et les comédiens !

624px-sandro_botticelli_080.jpg

La nature fait l’art, elle est le modèle de l’artiste, de ce créateur qui est lui-même une nature. Là où il y a un corps on trouve une nature ; cette nature se lie à l’intériorité, les deux jouent ensemble ; mais c’est le vivant qui est en jeu. Ainsi l’art et le religieux vont ensemble, et il y aura toujours de l’art dans les mots. Cependant ce n’est pas l’admiration que nous cherchons, mais l’imitation de Jésus-Christ. L’art du fils de Dieu consistait en peu de chose, car c’est dans la faiblesse qu’il fut Dieu !

Søren Aabye Kierkegaard

450px-kbh_kierkegaard_1.jpg

Les premiers témoignages sont toujours intéressants pour comprendre l’homme et son œuvre, car par la suite beaucoup d’auteurs voudront détacher Kierkegaard du christianisme, ce qui, en vérité, est tout à fait impossible à accomplir. En fait nos modernes s’épuisent en vain dans la caricature. Mais voici ce que j’avais trouvé dans Le Correspondant de 1856, un recueil périodique français de l’époque du philosophe :

Parmi les modernes réformateurs du Danemark, il en est un qui mérite une place à part : nous voulons parler du docteur Sœren Aaby Kierkegaard, mort il y a un an environ. Etranger aux divisions des partis, il portait dans les questions religieuses toute l’ardeur et tout l’enthousiasme de son esprit. Il avait un sentiment profond de la grandeur du christianisme et de la perfection de l’Evangile, et il souffrait de ne pas voir réaliser autour de lui le magnifique idéal qu’il s’en était formé. Ce fut sous cette impression qu’il déclara au Luthéranisme officiel et à ses ministres une guerre incessante et acharnée. Nul n’osa répondre à ses attaques, tant on les reconnaissait fondées ; et, dans les derniers temps de sa vie, une immense popularité s’attacha à son nom. La mort, qui l’a surpris de bonne heure, a laissé son œuvre inachevée ; mais, en parcourant ses écrits, il est permis de croire que, s’il avait vécu davantage, la vérité religieuse absolue aurait conquis cette belle âme qui se sentait étouffer dans l’atmosphère du protestantisme, et qui cherchait un ciel plus pur, plus de lumière et de plus vastes horizons. Le Correspondant, 1856, dans Bibliographie Allemande.