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Les premiers témoignages sont toujours intéressants pour comprendre l’homme et son œuvre, car par la suite beaucoup d’auteurs voudront détacher Kierkegaard du christianisme, ce qui, en vérité, est tout à fait impossible à accomplir. En fait nos modernes s’épuisent en vain dans la caricature. Mais voici ce que j’avais trouvé dans Le Correspondant de 1856, un recueil périodique français de l’époque du philosophe :

Parmi les modernes réformateurs du Danemark, il en est un qui mérite une place à part : nous voulons parler du docteur Sœren Aaby Kierkegaard, mort il y a un an environ. Etranger aux divisions des partis, il portait dans les questions religieuses toute l’ardeur et tout l’enthousiasme de son esprit. Il avait un sentiment profond de la grandeur du christianisme et de la perfection de l’Evangile, et il souffrait de ne pas voir réaliser autour de lui le magnifique idéal qu’il s’en était formé. Ce fut sous cette impression qu’il déclara au Luthéranisme officiel et à ses ministres une guerre incessante et acharnée. Nul n’osa répondre à ses attaques, tant on les reconnaissait fondées ; et, dans les derniers temps de sa vie, une immense popularité s’attacha à son nom. La mort, qui l’a surpris de bonne heure, a laissé son œuvre inachevée ; mais, en parcourant ses écrits, il est permis de croire que, s’il avait vécu davantage, la vérité religieuse absolue aurait conquis cette belle âme qui se sentait étouffer dans l’atmosphère du protestantisme, et qui cherchait un ciel plus pur, plus de lumière et de plus vastes horizons. Le Correspondant, 1856, dans Bibliographie Allemande.